Morgan Mirocolo est un provençal. En cela rien de péjoratif : son accent est compréhensible par n’importe quel français et il ne met pas de l’huile d’olive dans tous ses plats. C’est un provençal, un vrai, car c’est une de ces personnes, qui est sensible à son territoire. Il a choisi la photographie pour transmettre ce que lui évoque les paysages, les détails, les personnes et leurs coutumes.

C’est d’ailleurs par le biais des traditions provençales que Morgan sera remarqué dans un premier temps. Il immortalise les courses camarguaises, depuis les hommes qui font le spectacle jusqu’à celui qui donne du grain à ses taureaux. Son style prendra vite une tournure forte, personnelle, tantôt se focalisant sur des mains burinées tantôt sur des scènes théâtrales qui attrapent l’œil et le cœur de l’observateur.

Naturellement, la photographie en noir et blanc est un matériel

important pour Morgan. Cependant, il mêle les styles, les outils et teste sans cesse. Ainsi, il travaille avec des Arlésiennes, filles et femmes aux tenues traditionnelles, et recompose ce style (parfois trop contemplatif) en y insufflant une noblesse renouvelée. 

Mais outre son attachement pour son pays, Morgan a le goût du voyage. Gardant cette idée et cette éthique vis-à-vis du sujet, il a vu le Chili, l’Argentine, l’Inde, l’Islande et l’Australie et en a rapporté de grands souvenirs et de grandes photographies.

L’Australie reste pour lui une destination marquante. Un jour qu’il était sur le pas d’une porte à regarder les passants, une idée germa en lui. Il fallait qu’il trouve le moyen de réduire cet espace (pudeur oblige) entre lui et son sujet. La conclusion fut que la mise en place d’un studio photographique allait permettre de jouer avec cette intimité. Une image sincère ne passerait que par la création d’un instant de partage.

À Mouriès, son village de cœur, Morgan Mirocolo a donc mûri des projets. À l’hiver 2019, l’un d’eux se concrétise. Il porte le nom de « Figures du village ». Morgan prépare son studio et rend visite à des personnes âgées, passe un moment avec elles et tirent quelques clichés. Ces portraits de Mourièsens sont pour lui importants, car ils représentent tous, une vérité. Chaque histoire est condensée dans une image, une peau, un regard. Cet hommage bienveillant qu’apporte Morgan Mirocolo a un impact fort et le conforte dans ses convictions : la photographie peut être honnête de chaque côté de l’appareil.

Mattias Perez